MIKE FARRIS: Shine for all The People (2014)

Le dernier album de Mike Farris, fabuleux chanteur des Screamin’ Cheetah Willies, ne sera pas fait pour les bourrins. Tel est le dernier commandement en date du Dieu Rock’n’roll. En effet, cette galette s’oriente très nettement vers une soul (quelquefois « Southern », Tennessee oblige) d’inspiration chrétienne et me rappelle le virage pris par Mylon Lefevre il y a bien des années.

Attendez ! Ne partez pas ! Je sais, il aurait mieux valu commencer autrement. Vous vanter la production impeccable, les arrangements recherchés et surtout l’organe vocal exceptionnel de ce fils du Tennessee. Mais le fait est bien là, c’est de la soul, comme nous le démontre le premier morceau « River Jordan », agrémenté d’un accompagnement de cuivres, d’un orgue et de solos de trompette et de clarinette. « Sparrow » se teinte de gospel et les cuivres respectent la tradition du jazz Dixieland. Par contre, « Mercy Now » est une superbe ballade « Southern soul » avec des chœurs. « Real Fine Day », rehaussé d’une pointe Motown, swingue bien avec son (trop) discret riff de guitare. « The Lord Will Make A Way Somehow », avec son piano syncopé et ses chœurs gospel, sert surtout de prétexte à une démonstration vocale impressionnante de la part de Mike. « Power Of Love » me fait penser au vieux James Brown. Dommage qu’il n’y ait pas eu un solo de guitare ; ça aurait été super. « Something Keeps Telling Me », un titre soul au tempo medium avec un refrain très mélodique, parle à mon cœur mais j’aurais préféré un solo de gratte à la place des arrangements de cordes. « How It Feels To Be Free », un morceau soul swinguant, se laisse gentiment écouter. Mike Farris reprend également « This Little Light Of Mine » avec des arrangements gospel/soul (orgue, pêches de cuivres et chœurs). Bon, c’est peut-être bien le dimanche matin pour les programmes religieux de la téloche mais… Enfin, nous avons quand même droit à un bon solo d’orgue et à… vous ne devinez jamais… à un solo de guitare tout en feeling qui propulse ce titre vers une autre dimension. Eh ben, il a fallu persévérer pour en avoir un ! C’est d’ailleurs la gratte qui termine le morceau.

Mike Farris nous a donc concocté un disque avec d’excellentes CHANSONS (j’insiste sur ce terme) vantant les bons sentiments et la foi. Les titres parlent d’eux-mêmes : le Jourdain, Jonas et la baleine, le Seigneur trouvera bien un moyen de toutes façons, le pouvoir de l’amour, etc… Mais c’est aussi cela, le Sud : la ferveur chrétienne soutenue par la musique. Incontestablement, une galette qui a du charme, un album avec de superbes arrangements uniquement au service de la voix exceptionnelle de Mike Farris. Dommage que la ferveur « guitaristique » n’ait pas été au rendez-vous. Là, nous aurions eu affaire à un véritable miracle.

Olivier Aubry